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Instrument de musique ou lien avec les divinités ?

Dernière mise à jour : 15 mars

Les événements qui ont le tambour chamanique à l’honneur sont nombreux dans ma région. L'idée de tambour + Japon attire parfois dans mes cours des personnes qui participent de façon habituelle aux événements liés à la spiritualité, et souvent c'est des personnes qui en ont fait leur métier. Pour rendre mon analyse plus claire, je vais donner à ce groupe de personnes un prénom quelconque. Disons Sarah.


Sarah baigne dans la spiritualité exotique : voyages sonores, chants harmoniques, tantra, chamanisme, méditation de pleine conscience, conscient féminin, conscient masculin, soins énergétiques, yoga de tous types, access bars, hypnothérapies, shiatsu, coaching chamanique, fabrication de tambour chamanique, etc.

Les séances de yoga, méditation, tambour chamanique, hutte à sudation, tantra, etc. lui permettent de déstresser, de se détoxiner, de se purifier. C’est bien, d’aller mieux, de laisser partir la colère, la frustration, la tristesse, la fatigue, la peur.




Attirée par le côté spirituel du taiko, Sarah commence à fréquenter mes cours. Au bout de 2 mois maximum, elle abandonne. Mais pourquoi ?

D'après ce que j'ai pu observer, il y a deux raisons principales :

1) Un malentendu de fond : dans la tête de Sarah, l'idée de tambour est liée à une pratique où on se laisse aller, dont le but est de lâcher prise et se laisser transporter par les vibrations en tapant sur la peau "chamanique" en pleine liberté, sans aucune notion musicale et sans l'obligation de s'adapter au tempo du groupe. Il s'agit d'un battement simple et répété en boucle. Il n'y a pas de structure rythmique à comprendre, aucune mémorisation de morceau à faire, aucune pratique de nouveau mouvement à faire intégrer au corps.


Par conséquent, quand Sarah voit que le taiko est un instrument de musique et que nous faisons un sacré travail pour monter des morceaux, elle est fatiguée/déçue. Pour dissoudre ce malentendu, je pourrais vous dire que… Oui, il est possible d'atteindre des états de 'transe' par le taiko; mais après des milliers d'heures de pratique !
2) Sarah a passé deux mois à voir que la plupart des rythmes et des chorégraphies sont intégrés par les autres, alors que pour elle l'ensemble du langage taiko reste un brouillard indéfini dans son cerveau. Pour agir sur les difficultés de coordination motrice et d’écoute rythmique, le discours est un peu plus long.
L'aspect qui m’intéresse en tant que percussionniste qui a envie de monter un groupe est le suivant : les personnes qui font régulièrement une activité spirituelle/chamanique/méditative, si comparées à la moyenne des apprenants, ont des difficultés à répéter/apprendre des gestes qui, avec un peu de pratique, sont plutôt simples.

Au début l'étonnement était fort. Je me disais : un prof de yoga est censé avoir la conscience de son corps, l'habitude à l'écoute, la psychomotricité bien développée, l'esprit de groupe, bien plus qu'un employé qui passe sa journée devant la comptabilité !


Alors que ce que je vois c'est exactement l'opposé : plus une personne a une intense activité "spirituelle", plus elle a du mal avec la mémorisation d'une phrase rythmique, le mouvement correct des bras, l'observation des consignes, l'écoute du groupe.



Le travail rythmique que nous faisons

C’est comme si cultiver le côté spirituel de façon quotidienne nous éloignait des actions concrètes. Vraiment bizarre, et en même temps intéressant. Un aspect à creuser du point de vue des neurosciences. Et c'est ce que j'ai fait : j'ai creusé !

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