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Soul

Dernière mise à jour : 14 mars

Joe Gardner est pianiste de jazz et enseignant de musique dans un collège à New York. Suite à un accident, il se retrouve dans un "Grand Audelà". C'est tragique, parce qu'après une vie passée à attendre, la grande occasion était arrivée ! Il venait d'être recruté dans le quartet d'une saxophoniste célèbre. Il arrive à se faire renvoyer dans la vie, en forme de mentor pour une nouvelle âme récalcitrante, nommée 22. A travers une série d'aventures entre notre monde et le mondes invisibles, Joe trouvera son épanouissement. Mais pas celui que nous tous croyons !



Je parle d'un film d'animation Pixar que j'ai offert pour Nöel à ma fille et qui m'a profondément bouleversée. "Soul". Il est "arrivé" pile au moment où je me posais des questions sur la possibilité de vivre en Occident et en même temps profiter des expériences spirituelles qui arrivent de loin. Joe est un passionné de jazz. Au fur et à mesure que l'intrigue se développe, il devient évident pour le public que c'est la seule chose qui compte pour lui ; il est tellement absorbé par le fait de jouer du piano pour gagner sa vie qu'il néglige ses relations avec ses amis et sa famille. Et il ne voit même pas son talent de professeur de musique, qui motive les jeunes et leur fait trouver leur étincelle dans le monde musical. Il vit son enseignement comme un plan B, un échec, un parking existentiel dans l'attente de la grande occasion. Pas mal d'éléments méneront Joe vers la conscience d'une vie vécue autrement.



1) Les étincelles peuvent être multiples. Dans un salon de coiffure où Joe apprend que Dez, l'homme qu'il pensait être né pour couper les cheveux, voulait en fait devenir vétérinaire, mais a choisi l'école de coiffure, moins chère, à la naissance de sa fille. Quand on lui demande pourquoi il n'a jamais révélé ce détail sur lui-même, Dez répond : "Tu n'as jamais demandé." Dez est un excellent barbier, et il tisse un lien avec ses clients.

Il est épanoui. Donc, être vétérinaire n'était pas la seule possibilité.

2) On découvre le monde de ses amis si on écoute, si on ouvre son coeur. Cela enrichit et multiplie notre expérience de vie. Lorsque Joe quitte le salon et est déjà dans la rue, Dez, avec un doux sourire, sort lui dire "Hey, Joe, ça m'a fait plaisir qu'on n'ait pas parlé de jazz, pour une fois". 3) Le monde invisible peut être une allégorie de notre vie terrestre. La petite 22, enfermée par erreur dans le corps de Joe, raconte aux clients de Dez son expérience d’âme désincarnée et leur explique le fonctionnement du « Grand Avant ». Le discours opère alors aussi bien littéralement (22 décrit ce qu’elle a vécu au premier degré) qu’à un niveau métaphysique (les clients l’écoutent attentivement et admirent sa « philosophie » de la vie).


4) La préparation des âmes est plus liée à l'algorithme qu'à la philosophie.

Aristote, Gandhi, Copernic et Jung sont gentiment moqués par le scénario.

5) Faire un tour dans "l'autre monde" pourrait nous donner une vision plus claire de notre "moi". Dans le musée du « Grand Avant », la vie de Joe se trouve résumée en une exposition de ses moments tristes, ses journées mornes, ses échecs et les portes qu'il s'est vu refermer sur le nez. 6) Le rêve se réalise mais. Joe, revenu à la vie, arrive à faire son concert rêvé, avec un groupe prestigieux et un bon succès de public. A la sortie du night-club, il se dit que ce n'est pas la satisfaction et l'énorme bonheur auquel il s'attendait. Il partage sa sensation avec Dorothea Williams, la grande saxophoniste qui l'a lancé. Elle raconte alors à Joe : J'ai entendu l'histoire d'un poisson qui s'approche d'un poisson plus âgé et lui dit : "J'essaie de trouver ce qu'on appelle l'océan". "L'océan ?", dit le vieux poisson, "c'est là que tu es maintenant". "Ceci", dit le jeune poisson, "c'est l'eau. Ce que je veux, c'est l'océan''.

Le film interroge ainsi le fantasme d’un corps immortel dont le moteur serait la vocation artistique, pour mieux orienter son héros vers une régénération de l’âme, un état originel d’émerveillement universel et indifférencié, dépourvu d’objet. Il est assez frappant de constater que la complexité de Soul est finalement mise au service d’un éloge de la simplicité et de l’infiniment petit. L’acmé émotionnelle du film est sans doute la scène au cours de laquelle Joe, assis devant son piano, improvise un morceau en observant les objets rassemblés par 22 au cours de son séjour terrestre.


Quand Joe joue du piano, il se laisse transporter comme sur une autre dimension. Cela arrive aux artistes. Ce qui est re-vo-lu-tion-naire dans ce film, c'est l'idée de réunir sur un même territoire (la « Zone ») les âmes passionnées et les âmes perdues, le pianiste emporté par sa propre mélodie et le trader obnubilé par ses transactions au point d’en oublier de vivre. À la jonction de la « petite flamme » et de l’obsession maladive, Soul questionne l’idée même de passion, organisant le retournement potentiel de toute idée fixe en une source d’aveuglement et d’aliénation. Ce film réussit brillamment à allégoriser les espaces mentaux, à rendre tangible l’impalpable et à l’organiser en un territoire cohérent. Lorsque Joe rencontre pour la première fois une Conseillère du « Grand Avant », sorte d’éducatrice pour petites âmes, celle-ci se présente comme « l’assemblage de tous les champs quantiques de l’univers, sous une forme accessible à vos petits cerveaux humains ».


Ce film a été pour moi une comme la conclusion de toutes les réflexions que j'avais fait sur une meilleure méthode pour transmettre les techniques taiko, pour comprendre, au final, qu'insister sur ce point m'empêche de m'épanouir dans la vie. Tout comme mes élèves "new age", qui se font distraire par leurs activités spirituelles et finissent par perdre le "moi" au lieu de le trouver, j'avais fait du taiko une obsession et peut-être j'ai perdu mille occasions de m'épanouir autrement. Je revois toutes les portes qui m'ont été fermées, le Conservatoire, le JAM, les différentes écoles de musique, les dojos, les collaborateurs et collaboratrices, les inscrits aux cours qui ne s'engagent pas, et moi à insister, année après année, parce que c'était mon plus grand rêve que de monter un groupe de taiko et l'accompagner dans une longue et pétillante aventure sur scène.



Là, je commence à "guérir", à avoir du recul. Je commence à voir les autres étincelles qui me sont propres. Finalement, l'anecdote du jeune poisson résume parfaitement la pensée de Saint Germain : "Nous avons grandi avec la croyance que l'achèvement de nous-mêmes, la pleine conscience, était un monde qui se trouve loin, quelque part dans l'univers, l'infini qui complète et enferme notre être "fini". Et pourtant, le "je" que je cherche est là, il est toujours là, et c'est mon corps qui l'accueille, mon corps qui le vit, le célèbre, fusionne avec lui à chaque instant."

Dans le prochain article je dévoilerai enfin comment redescendre dans la matière et retrouver la simplicité de la 'joie d'être' par le biais du taiko.

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