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Ondekoza

Dernière mise à jour : 17 mars

LA COURSE

À la base de l'activité d'Ondekoza se trouve le principe du "Sogakuron" (走楽論): "courir et jouer du tambour ne font qu'un, et reflètent le drame et l'énergie de la vie". Peut-être il y en a, parmi vous, qui se demandent : pourquoi la course ? Je vais répondre avec mon avis perso, alimenté par 30 ans d'expériences, lectures et rencontres dans ce domaine.

Nous savons que cet art requiert un corps solide, des abdominaux toniques pour soutenir la colonne vertébrale, une bonne technique respiratoire, une résistance physique et une agilité des articulations. Une bonne préparation sportive peut donc mieux préparer les percussionnistes. Faire du sport ensemble tous les jours à la même heure est également une arme puissante pour renforcer l'esprit de communauté. Vous demanderez : pourquoi ne pas faire de la gymnastique dans la salle qu'ils utilisent pour les répétitions ? Un peu de jumping jacks, un peu d'étirements et c'est parti. Eh bien, je pense que le principe qui guide Den, au moment où il déménage à Sado, ne peut être dissocié d'une recherche de communion avec la nature. Courir permet de traverser des champs, des bois, des plages, des collines, d'observer les fleurs, les plantes, les animaux, de respirer un air pur, de ressentir toute la force de cette nature qui entre en toi, te saisit et te rend très fort. Mais il y a plus. Un sport de déplacement, par rapport à une activité sur place, permet d'exprimer pleinement le potentiel spirituel de cette action.

Sans le savoir, ces jeunes sur cette île commencent à vivre la course quotidienne comme :

- Sanctuaire : le temps de course est un temps sacré ;

- Prière : ouverture de soi à la conversation avec l'univers ;

- Méditation : entrer en soi-même pour trouver un réconfort spirituel ;

- Pèlerinage : une course est à la fois un voyage et une destination.


Ce que Tagayasu avait pressenti, la science l'a confirmé par un nombre d'études impressionnant. Il a été documenté qu'une vision spirituelle de la vie, tout comme une activité motrice quotidienne, peuvent avoir un impact positif sur la santé. Les personnes ayant une attitude spirituelle par rapport à un soin quotidien de leur corps, sont mieux en mesure de gérer le stress, de se remettre des maladies et sont fondamentalement plus longues à vivre.


Les avantages spirituels de la course (en appréciant la nature, en développant un sentiment de communion avec les autres, en admirant le lien entre les différents éléments de l'univers) peuvent apaiser l'esprit, faciliter l'introspection et vous aider à devenir plus complet. Les habitants de Sado qui se lèvent très tôt peuvent donc voir ces jeunes hommes et femmes arpenter l'île à grands pas avec un sourire de confiance en l'énergie de la Nature littéralement tous les jours.


LE SUCCÈS

En 1975, ils sont prêts pour leur débuts internationaux qui s'avèrent spectaculaires : ils se mélangent aux participants du marathon de Boston, et à l'arrivé, là où tout le monde était essoufflé et avait juste envie de boire un litre d'eau et se jeter sur un canapé, ils montent sur scène pour jouer sur leur tambour "Odaiko" de 350 kg, et, croyez-moi, il faut du souffle et de l'endurance pour faire un concert de taiko !


Marco Lienhard à Boston, 1990

Le groupe enchaîne les succès avec la force du corps, de l'esprit, de la technique taïko, qui entre temps est devenue époustouflante, suscitant l'enthousiasme du public et lui faisant cadeau d'une énergie sans précedents. Jusqu'à ce que quelque chose, dans les dynamiques de la commune, se casse. Nous ne sauront jamais quelle est la nature des divergences d'opinion entre Tagayasu et une partie du groupe. Nous savons seulement que la fracture est irréparable : Tagayasu et d'autres quittent l'île à jamais, gardant le nom Ondekoza. Ceux qui restent prennent le nom de Kodo sous proposition d'Eitetsu Hayashi, lequel partira quand même un an plus tard pour tenter une carrière en solo.


Alors que Kodo fait des tournées "normales", Ondekoza continue à se distinguer par la course :




1990

La tournée "US Marathon Tour" commence et finit avec une représentation au Carnegie Hall. Les membres se sont produits dans déplacés d'une ville à l'autre à pied. Les membres ont passé trois ans à courir et faire des spectacles parcouru un total de 14 910 km tout le long des États-Unis tout en se produisant dans tout le pays : un exploit sans précédent.





1998

Le groupe commence son "China Marathon Tour", une autre tournée "en courant" couvrant 12 500 km. En 2000, Ondekoza court de Shanghai à Hong Kong, en passant par Kunming et Xi'an. Cette magnifique aventure se termine tragiquement :

en avril 2001 Tagayasu Den, le fondateur du projet, le créateur du rêve, le visionnaire qui nous a fait cadeau d'un chapitre aussi intense dans l'histoire du spectacle, reste victime d'un accident de voiture. Oui, comme Oguchi! Même destin. De ce fait, la tournée en Chine n'a jamais été achevée.




La course à pied continue (2004 Marathon de Boston, cette fois suivi d'une performance appelant à la paix dans le monde, et 2005 "Taiwan Marathon Tour"), mais ce n'est plus le point principal.

Le succès international continue (2006 Tournée européenne en Croatie, en Italie, en Suisse et en Allemagne, 2008 retour en Italie ainsi que dans la péninsule des Balkans, 40e anniversaire d'Ondekoza, 2010 Afrique et Moyen Orient ) ainsi que le prestige dans leur pays : en 2009 l'Empereur japonais les a choisis pour la célébration du 20e anniversaire de l'accession au trône. Je pense que ça a été le concert le plus solennel de leur vie.


"MUSIC & RHYTHMS

Et aujourd'hui ? Le leadership et la philosophie du groupe ont changé après la perte de Tagayasu. Le groupe est dirigé par l'artiste de shakuhachi (flûte en bambou à embouchure) Seizan Matsuda. La plupart des premiers membres ont quitté le groupe et Ondekoza a continué avec de nouvelles orientations et de nouveaux membres depuis.


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Seizan Matsuda avec le danseur Dai Matsuoka


Quelles sont ces nouvelles orientations ? Le groupe se concentre davantage sur les enfants et en fait les destinataires d'un projet appelé "Music & Rhythms". Les participants construisent des instruments de musique à partir de bambou et d'autres éléments de la nature.

Le projet se déroule généralement en plusieurs étapes, de la construction des instruments à l'expérimentation musicale, et finalement à une performance collaborative impliquant Ondekoza et d'autres musiciens de différents genres musicaux du monde. L'objectif du projet est de promouvoir le développement de l'expression chez les enfants grâce à la construction, à la créativité, à la musique et à la danse.

"Music & Rhythms" a été lancé pour la première fois en Corée en 2005 et a depuis impliqué des enfants et des communautés dans divers endroits du monde, notamment en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et au Japon.


LE DOJO

Il paraît que leur mode de vie, lorsqu'ils ne sont pas en voyage, implique parfois des périodes de concentration en écrivant des sutra (écritures bouddhistes). L'objectif dans l'écriture des sutra est de se concentrer pleinement et d'écrire aussi magnifiquement que possible, de préférence en utilisant la main non dominante. Et si vous allez les voir dans leur dojo (une ancienne école élémentaire, comme sur Sado), à l'heure du repas ils vont vous défier à manger avec la main non dominante aussi !





En les voyant sur scène on se rend compte de se trouver devant des talents rares qui maîtrisent des techniques de percussion comme peu de gens au monde. On s'attendrait qu'ils vivent et travaillent dans un lieu équipé de tous les comforts. Vous seriez surpris de l'aspect modeste de leurs quartiers généraux : l'école est petite, dans la nature, deux ou trois anciennes classes, une seule douche, une cuisine sans prétentions, un couloir avec du linge qui traîne. La vie d'Ondekoza peut être faite de souffrances individuelles, mais il y a une énergie brute et unificatrice à travers la puissance du taiko.



Sutra, bouddhisme, main gauche
Rédiger un Sutra avec la main gauche

Les candidats qui souhaitent rejoindre le groupe doivent accomplir une année d'essai, en versant une allocation mensuelle pour couvrir leurs frais de pension et de vie. Ceux qui réussissent l'année reçoivent un salaire en fonction de leurs capacités, tous les fonds provenant des représentations de la compagnie.



Ce qui est extraordinaire chez eux, c'est qu'ils se moquent de la manière dont ils sont jugés de l'extérieur. Ça n'a tout simplement pas d'importance. Ils décident de leur propre valeur et cela les conduit à leur réussite.

En marketing, vous concevez des stratégies et travaillez dur pour définir comment vous voulez être perçu par les autres, donc le marché vous définit. Mais Ondekoza ne fonctionne pas de cette manière : ils se définissent eux-mêmes.

C'est probablement aussi bien, car leur histoire et leur mode de vie notoirement austère susciteraient probablement des comparaisons avec un culte new age. Toutefois, la force qui vient de leur union et de leur auto-discipline, à mon sens, est tellement supérieure à la superficialité des étiquettes qu'on voit ces dernières partir en miettes. Et vous ? Vivez-vous en fonction de votre image publique ou de votre dur boulot/de votre ESSENCE ?

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