Une vieille blague entre musiciens dit « qu’il y a trois types de batteurs dans le monde, ceux qui savent compter et ceux qui ne le peuvent pas ». A partir de cette blague on a le reflex de penser à une division plus globale : il existe peut-être deux types de personnes dans le monde: celles qui savent tambouriner et celles qui ont du mal avec le rythme. Ce qui est sûr, c'est que les batteurs ont des cerveaux fondamentalement différents des autres.
Comment l'expliquer ? Un domaine en expansion des neurosciences et de la psychologie concerne justement les recherches scientifiques sur le cerveau des batteurs. Une étude suédoise (Karolinska Institutet de Stockholm) montre "un lien entre intelligence, bon timing et la partie du cerveau utilisée pour résoudre les problèmes". Comme le dit Gary Cleland dans The Telegraph, "les batteurs pourraient en fait être des intellectuels naturels ".
Le neuroscientifique David Eagleman a mené une expérience avec plusieurs batteurs professionnels dans le studio de Brian Eno. Il s'avère que Eno avait raison : les batteurs ont des cerveaux différents des autres. Le test de Eagleman a montré une différence statistique énorme entre le timing des batteurs et celui des sujets de test. Eagleman déclare "Nous savons maintenant qu'il y a quelque chose d'anatomique différents à leur sujet. Leur capacité à garder le temps leur donne une compréhension intuitive des schémas rythmiques qu’ils perçoivent tout autour d’eux."
Mais comment la pratique rythmique améliore-t-elle les conditions de notre cerveau ?
Faire de la percussion requiert de la motricité fine, et active donc quasiment tout le cerveau en même temps. Les deux hémisphères (le droit et le gauche en même temps) sont actifs lorsqu'on joue, et cette action est un véritable entraînement du muscle cerveau. C'est comme si on l'amenait à la gym régulièrement. La compréhension intuitive des schémas rythmiques qu’ils perçoivent tout autour d’eux, correspond ainsi à une compréhension intuitive des schémas de la vie autour de soi, permet de développer notre mémoire, nos facultés d’analyse et notre résilience sociale.
En termes plus simples, on apprend à mieux gérer nos pensées, nos émotions, nos actions, nos réactions, nos relations sociales. C'est ça l'intelligence, finalement. Ou c'est plus subtil que ça ?
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